Sommaire : Trois questions à Serge Chambaud (Salon Information numérique)| Théories et concepts | Enseignement | Entreprises | La recherche en pratique | Le livre de la semaine | Détente
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"L'ouverture offerte par Internet aux utilisateurs finaux de l'information ne crée pas une concurrence préjudiciable aux documentalistes. "
Asti-Hebdo : Du 17 au 19 juin prochain vous organisez le Salon de l'information numérique, nouveau nom pour le salon IDT, rendez-vous traditionnel des professionnels de la documentation et plus généralement de l'information. Ce changement de nom traduit-il une nouvelle orientation ?
Serge Chambaud: Oui. Jusqu'ici, la manifestation (salon et congrès), fondée en 1973, visait à réunir essentiellement les professionnels, dans une optique assez nettement corporatiste. Le statut du documentaliste polarisait nos réflexions. Les documentalistes et archivistes, et plus généralement ce qu'on appelle aujourd'hui les "médiateurs", restent au coeur de notre cible. Mais nous pensons que l'évolution des technologies doit nous conduire à élargir nos perspectives. Internet a ouvert des vannes qui n'existaient pas auparavant. Nous ouvrons notre rencontre à "l'utilisateur final" de l'information. Nous répondons ainsi aux attentes des professionnels. Nous présenterons d'ailleurs les résultats d'une enquête menée sur ce thème avec le magazine Archimag (archimag.com).
Nous attendons cette année quelque 15 000 visiteurs, dont un tiers de documentalistes, un tiers d'autres médiateurs et un tiers d'utilisateurs avertis, parmi lesquels beaucoup d'universitaires.
A.H. : Les concepts implosent en même temps que la demande explose. Ne faut-il pas s'attendre à une restructuration en profondeur des professions ?
S.C. : On sent bien que les frontières traditionnelles disparaissent. Entre les métiers de documentaliste, d'archiviste... de journaliste, la distinction était facile, l'interface n'existait pas. Ce n'est plus possible aujourd'hui. Nous utilisons tous les mêmes outils. Il y a un continuum entre le document qui arrive, qui est vu par le documentaliste, puis archivé... et qui doit ensuite être retrouvé.
Il est trop tôt pour dire comment les professions vont se restructurer. Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura toujours besoin de professionnels compétents pour gérer les fonctions de médiation. De véritables experts. Notre credo, c'est l'ouverture offerte par Internet aux utilisateurs finaux ne crée pas une concurrence préjudiciable aux documentalistes. Certains d'entre eux la vivent comme telle. Ceux qui ont réfléchi à la question y voient au contraire de nouvelles opportunités pour les spécialistes. Plus la demande d'information est forte, plus il y a besoin de spécialistes.
L'expertise, c'est d'être capable de donner à une question une réponse complète, à partir de sources qualifiées, de fiabilité vérifiée. C'est le rôle traditionnel du documentaliste, et il est plus difficile que jamais avec Internet, avec cette multitude de sites douteux et volatiles, et ces gigantesques volumes de documents. Et les moteurs de recherche ne donnent qu'un sondage : vous lancez une ligne, vous ramenez toujours quelque chose. Mais cela n'est pas suffisant pour une utilisation professionnelle.
Le développement d'Internet remet en valeur des outils traditionnels de la documentation que l'on avait trop tôt cru dépassés, comme les classifications et les thésaurus.
Notre salon comme notre congrès s'intéressent essentiellement
aux sources d'information et aux outils qui permettent d'y accéder. En
particulier
- Nous consacrons une journée aux intranets : si le sujet est à
la mode, il est difficile à faire vivre dans le concret. Pour des raisons
techniques, mais aussi de motivation des services (pour qu'un internet d'entreprise
soit intéressant, il faut que tous contribuent à l'alimenter).
- Avec l'Inist (CNRS), nous travaillons sur le "libre accès".
Nous dressons un panorama des nouveaux types de communication de l'information
(colloques virtuels, magazines multimédia, listes de diffusion...).
- Nous faisons toute sa place à la protection juridique de l'information,
question aussi pressante que difficile.
- Nous notons que les "industries de la langue" décollent enfin
(cela fait vingt ans qu'on en parle) à partir des besoins d'outils linguistiques
pour l'accès à l'information. C'est d'ailleurs ce thème
de la linguistique qui sera traité par notre session d'initiation scientifique.
A.H. : Vous faites donc une place à la recherche dans ces domaines ?
S.C. : Oui. Nous innovons cette année avec une session spécifique, qui se concentrera chaque année sur une thème précis, et fera le point sur l'état de la recherche. Cette année, il s'agit de l'accès en langage naturel. Nous organisons cette session en collaboration avec l'Atala. Elle est animée par Stéphane Chaudiron (Université Parix X), et verra les interventions de Thierry Poilbeau (Thalès), Laurent Romary (Loria), Jean-Luc Minel (Université Paris Sorbonne, que vous avez interviewé dans votre numéro 110) et Christian Fluhr (CEA).
Il ne s'agit pas de faire un cours à proprement parler, mais de jeter un coup de projecteur sur l'avenir, pour que les participants ressortent en sachant ce qui se prépare dans les laboratoires de recherche, ce qu'il faut suivre dès maintenant.
Propos recueillis par Pierre Berger
"Les constructeurs japonais inaugurent l'ère du robot domestique" titre Le Monde des 13-14 avril, pour un article de Brice Pedroletti, qui rend compte de l'exposition Robodex, qui s'est tenue du 3 au 6 avril à Yokohama. Elle marque une évolution de la robotique, qui passe du divertissement à l'utilitaire. "Si le chien Aibo de Sony confirme son succès, les modèles assurant les fonctions de surveillance ou d'aide ménagère se sont faits remarquer". Rappelons que nous avons présenté les travaux du laboratoire parisien de Sony (Emotions et robots AH No 89 , rubrique concepts) et interviewé Serge Kaplan (chercheur dans ce laboratoire) au sujet des travaux sur la création de langage par des robots communiquant entre eux (AH No 42 ).
L'Inria signale dans le numéro de mai de son bulletin Inédit l'arrivée à l'équipe Chir de Sophia-Antipolis d'une console maître pour la simulation chirurgicale. Elle va permettre la démonstration d'un logiciel de planification, simulation et réalité augmentée pour l'aide au geste chirurgical développé par cette équipe, et faciliter son prototypage industriel.
Longtemps considérée comme une démarche purement expérimentale, l'étude du phénomène juridique par l'analyse statistique est sur le point de devenir une pratique d'application usuelle. C'est ce qu'explique Jean-Philippe Challine, dans Expertises de mars 2003. Les applications sont multiples. La mise en oeuvre exige la définition de conditions précises pour la modélisation. Son article fournit un pointeur sur des rapports de recherche, mais nous n'avons plu l'ouvrir (http://www.gip-recherche-justice.fr/publications/rapports-recherche).
Sandrine Chilotti (Le Monde informatique du 25) avril étudie les fonctions de cinq produits présents sur le marché. Il s'agit, on l'aura compris, de moteurs de recherche sur le web prenant en compte non seulement le texte intégral mais "le sens du langage".
Ce concept est proposé par Hewlett-Packard, en partenariat avec IDG. Le concept ne semble pas d'une parfaite clarté. Ce serait une variante de la gestion de l'informatique, avec le concours d'un prestataire extérieur... On peut trouver des précisions sur au moins deux sites : www.manageyourwindows.com et www.itsmf.com/
L'affichage tête haute (HUD, head up display) développé pour les pilotes de chasse, sera proposé aux conducteurs de la future BMW série 5 (Le Parisien du 15 avril). Il servira notamment à la présentation du guidage permis par le GPS.
CyberEcoles signale que le ministère de la Jeunesse, de l'éducation nationale et la recherche et la Caisse des dépôts et consignations lancent une démarche "visant à accompagner des déploiements significatifs d'environnements numériques de travail.", comprenant un appel à projets. Objectifs : développer, garantir et harmoniser l'usage des technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement scolaire au niveau national. La démarche comporte deux axes.
- L'élaboration par le ministère d'un schéma directeur sur les environnements numériques de travail (SDET) contenant un ensemble de préconisations fonctionnelles, techniques, et organisationnelles à l'attention des établissements, prescripteurs, et éditeurs de produits logiciels et de contenus en vue d'assurer l'adéquation aux besoins de l'Education nationale, ainsi que l'interopérabilité sur l'ensemble du territoire et la modularité des offres Ce document évolutif est destiné à devenir un instrument de dialogue pour l'Education nationale et ses partenaires.
- La mobilisation des collectivités locales et des autorités académiques autour de déploiements significatifs d'environnements de travail, afin de mettre au jour plusieurs solutions industrielles cohérentes, de favoriser à la fois la professionnalisation de l'offre de services TIC dans l'enseignement, et la diffusion des usages. Ce deuxième axe fait l'objet d'un appel à projets (Date limite de remise des dossiers 13 mai 2003 à minuit).
Téléchargez le SDET , Schéma directeur
des espaces numériques de travail (PDF-771 ko)
- Les dossiers de l'EPI « Informatique à l'école » et « Informatique au collège » ont présenté aussi, chacun dans son domaine, un historique détaillé le l'informatique pédagogique.
- Un « survol rapide » des débuts aux développements actuels « Bref historique de l'informatique dans le système éducatif ».
Le monde informatique publie un dossier (signé par Philippe Rosé, Reynald Fléchaux, Christophe Gauthier et Olivier Rafal) intitulé "La revanche de l'informatique centralisée" : A l'heure de la réduction des budgets, les projets de consolidation deviennent une priorité. Le regroupement dans une même salle de serveurs auparavant dispersés et la centralisation des applications sur une même machine se généralisent. Un petit air de mainframe... "
Deux concepts à noter pour le dictionnaire :
- Consolidation : regroupement d'infrastructures ;
au minimum, de plusieurs machines ; plus ambitieuse, de plusieurs applications.
On transpose ici un terme habituel en comptabilité.
- Partitionnement : création, au sein d'un
même serveur, de plusieurs sous-serveurs, séparés par des
barrières logicielles (partitionnement logique) ou matérielles
(partitionnement physique). On étend ici la portée d'un terme
venant des mainframes, d'abord pour les mémoires (MVS, Multiple virtual
storage, IBM 1967) et largement utilisé par les architectes de systèmes
(voir par exemple le livre de René Chevance).
NDLR. On observe une pulsation entre centralisation et décentralisation, qui s'appuie sur les technologies de l'information (ou en tire prétexte). On a dit "La République a triomphé en Vendée parce que la monarchie avait bien organisé les routes et les Postes". En 1938, Renée Carmille (fondateur de l'Insee) met en avant la carte perforée comme un outil de centralisation. A partir des années 1960, l'informatique (combinée aux réseaux ou au transport rapide de supports de données) promet de réconcilier les deux tendances, mais le prix des machines pousse de fait à la centralisation. Dès les années 1970, mais surtout dans la décennie suivante, mini- et micro-informatique donnent des espoirs aux partisans de la décentralisation. Le débat s'anime entre les partisans de l'informatique "répartie" et ceux de l'informatique "distribuée". On parle de machines "départementales" (au sens anglo-saxon du terme département). Après quoi , client-serveur et tout-Internet offre de nouvelles opportunités. La décentralisation est en général parée de toutes les vertus, et la décentralisation, qualifiée de jacobine, sévèrement critiquée. Le projet Télétel est jugé par certains scandaleusement centralisateur, et pourtant son système "kiosque" reste sans concurrence sur Internet pour le micro-paiement.
Au cours des années 1980, Adidas donne un exemple typique de ces oscillations. En 1985 (Le monde informatique du 18 mars), la firme présente son engagement dans l'informatique répartie, avec des serveurs et des informaticiens installés dans les départements et les usines, à proximité des utilisateurs. Trois ans plus tard (Le monde informatique du 19 septembre 1988)... elle ajouteà un étage à son siège social pour y regrouper tous ses serveurs, et plus encore ses informaticiens.
Y aurait-il une sorte de "cycle de Kondratief" de la décentralisation informatique ? Un beau sujet de thèse, qui devrait intéressser d'ailleurs les services de notre Premier ministre !
Jeudi 24/04, de 14h30 à 17 h . L'interaction des portails avec les systèmes d'information. L'état de l'art des services en ligne personnalisables. Inscriptions : mailto:interoperabilite@adae.pm.gouv.fr.
Mercredi 30/04, de 9h30 à 17h. 3ème journée de la réutilisation des données : la modélisation. Inscriptions : mailto:xml@adae.pm.gouv.fr.
Mercredi 04/06 de 14h30 à 17h. - XML-Signature. Inscriptions : mailto:xml@adae.pm.gouv.fr.
Jeudi 12/06, de 14h30 à 17h. - La modélisation des architectures. Inscriptions : mailto:interoperabilite@adae.pm.gouv.fr.
Mercredi 18/06 - 5ème journée du libre : le poste de travail alternatif. Inscriptions : mailto:logiciels-libres@adae.pm.gouv.fr.
Jeudi 19/06 de 14h30 à 17h : Infrastructures de gestion de clés : retour de réalisations. Inscriptions : mailto:securite@adae.pm.gouv.fr.
La campagne 2004 des écoles thématiques vient d'être lancée.
Ouverte aux chercheurs et ingénieurs, cette modalité particulière
de formation vise notamment à la diffusion de connaissances nouvelles
et à la confrontation des disciplines scientifiques. Les instructions
relatives à la préparation des projets sont disponibles sur le
site du CNRS.
http://www.cnrs.fr/formation/fp/txtecoles/actecol1.html
Est-ce dans la perspective du Salon de l'information numérique (voir notre interview) ? Hermès/Lavoisier vient de publier trois titres trois titre sur ce thème. Nous avons interviewé Jean-Luc Minel dans notre numéro 110 pour son Filtrage sémantique, du résumé automatique à la fouille de textes.
Thierry Poilbeau propose Extraction automatique d'information. Du texte brut au web sémantique. Il critique lui aussi les ambitions excessives des systèmes de compréhension, et met en avant les approches, plus modestes, qui sont à la portée des machines et des concepts d'aujourd'hui. Il s'appuie sur son logiciel Semtex, développé pour l'extraction d'information, et dont le nom est tout un programme, comme il l'indique en note : "Le Semtex est un explosif prisé des terroristes, notre application ne fait qu'exploser la mémoire des ordinateurs".
Son étude montre qu'une unification apparaît dans les traitements, à travers des formalismes flexibles, un abandon des niveaux traditionnels de l'analyse et des architectures modulaires. Tout ceci va dans le sens d'une "sémantique unifiée".
Peter Stockinger, dans Le document audiovisuel. Procédures de description et d'exploitation, montre la surprenante variété des types de description des contenus : sémiotique, textuelle, thématique... L'auteur commence par "problématise la description d'un document en général et audiovisuel en particulier", ce qui s'impose pour indexer, classifier, archiver, mais aussi pour évaluer, juger ou encore critiquer. Il entend sensibiliser le lecteur à la complexité inhérente à l'acte de description, "du notamment au fait que celle-ci est une "vue" sur un document, vue qui dépend des intérêts, des objectifs et surtout des connaissances de l'interprétant, de l'agent qui décrit un corpus... ".
Sous leur présentation et leur vocabulaire abstraits, tous ces auteurs ont en vue des applications pratiques, et sont en prise avec les questions que se posent aujourd'hui les documentalistes et plus généralement les "médiateurs".
P.B.
(Intraduisible, nos excuses aux défenseurs de la langue de Blaise
Pascal)
News reports filtered out early this morning that US forces have swooped on
an Iraqi primary school and detained teacher Mohammed Al-Hazar. Sources indicate
that, when arrested, Al-Hazar was in possession of a ruler, a protractor (rapporteur),
a set square (équerre) and a calculator. US President George W Bush argued
that this was clear and overwhelming evidence that Iraq indeed possessed weapons
of maths instruction.